La nouvelle baignoire Ledro de Victoria + Albert ne fait aucun compromis en matière de confort et de faible capacité d'eau en s’appuyant sur une ergonomie cintrée et les capacités du matériau QuarrycastTM.
Baignoire : quelles solutions pour exister ?
Le marché de la Baignoire “n’y arrive plus”, comme en témoignent les deux dernières années, marquées par des baisses à deux chiffres des ventes (en volume). Si l’avenir est imprévisible, les industriels présents sur ce segment du marché de la salle de bains s’accordent tout de même à dire que, pour enrayer le déclin, il est indispensable d’apporter des réponses concrètes aux problématiques des particuliers, concernant le format comme la forme, l’esthétique et la consommation d’eau. Sans oublier, bien sûr, d’accompagner l’innovation par l’éducation, afin de s’assurer que la valeur ajoutée de la baignoire soit bien assimilée par le vendeur... puis par le client final.
Rémi de Marassé
Il faut sauver le soldat “Baignoire” ! Voici maintenant deux ans que le marché du sanitaire est le témoin malheureux des difficultés de ce segment, ainsi que de la décroissance des ventes d’un produit autrefois considéré comme un élément indispensable de la salle de bains. Les chiffres récemment publiés par l’Afisb font d’ailleurs état d’un marché en chute de 11 % en valeur et de 10 % en volume, avec seulement 400 000 pièces vendues (balnéo compris et tous canaux confondus) lors de l’exercice 2023 ; tandis que Coédis estime la baisse des ventes de baignoires à 11,6 % (en valeur) dans la distribution professionnelle.
Des résultats décevants, quelque peu inquiétants, mais qui sont tout de même à replacer dans un contexte pour le moins... préjudiciable à son épanouissement. Entre la construction neuve et la rénovation qui battent de l’aile (- 22 % de mises en chantier et de transactions immobilières dans l'ancien en 2023), la réduction croissante de la taille de nos salles de bains, l’entrée en vigueur de l’arrêté “douche zéro ressaut”, les incitations financières au remplacement de la baignoire par une douche dans un contexte de vieillissement de la population (un Français sur trois aura plus de 60 ans en 2040), l’évolution de nos modes de vie qui deviennent effrénés et nous obligent à délaisser le bain, ou encore l’urgence climatique qui nous impose de revoir nos consommations d’eau... Vous conviendrez qu’il est difficile pour la baignoire d’exister. Celle- ci serait-elle donc condamnée à disparaître ?
Proposer des solutions cohérentes pour renouer avec la croissance
La réalité est sombre, certes, mais le glas est loin d’avoir sonné pour la baignoire. D’une part, car « elle reste utilisée dans la construction neuve puisqu’elle est plus économique et plus simple à installer », assure Éline Laporte, responsable communication et channel marketing de Jacob Delafon. Et ce malgré l’arrêté “douche zéro ressaut” qui rend obligatoire l'aménagement d'une salle de bains avec baignoire ou douche accessible dans toute construction neuve (maisons individuelles, à l’exception de celles réservées à l'usage du propriétaire, et logements situés au rez-de-chaussée ou à un étage accessible en ascenseur dans les bâtiments d'habitation collectifs), et ce depuis le 1er juillet 2021. D'autant plus qu’il persiste un vide juridique autour de l’Article 1 de la réglementation, qui stipule qu’en cas d’installation d’une baignoire, l’aménagement ultérieur de cette zone de douche est possible sans intervention sur le gros-œuvre. Mais qu’est-ce qu’une intervention sur le gros-œuvre ? Une réfection du carrelage et de l'étanchéité de sa salle de bains pour y installer une douche est-elle considérée ou non comme une intervention sur le gros-œuvre ? Ce flou artistique offre à la baignoire encore quelques opportunités de développement dans la construction neuve, mais « devrait bientôt disparaître avec la formation croissante des installateurs à l'étanchéité et la multiplication des contrôles sur ce marché », reconnaît Guillaume Leurent, directeur marketing et produits de Geberit.
D’autre part, ce produit est particulièrement pratique, « voire nécessaire lorsqu’on a des enfants. Qui ne les a jamais baignés le soir, pendant que son conjoint ou sa conjointe prépare le dîner, et profité d’un moment de complicité et de jeu dans le calme ? Le temps du bain est un moment crucial et favorable à la vie de famille », considère Virginie Juniot, responsable marketing Bain et Paroi de douche de Jacob Delafon. De plus, la baignoire offre aux adultes l’opportunité de s’octroyer un moment pour soi, de se ressourcer après une longue journée de travail ou de se réchauffer l’hiver.
Pour autant, cela sera-t-il suffisant pour relancer la machine ? Sûrement pas, à en croire nos interlocuteurs. La baignoire aux dimensions classiques, entre 160 x 70 cm et 180 x 90 cm, ne constituera plus « le point d’eau principal de la salle de bains, mais sera désormais considérée comme une pièce maîtresse de la décoration au service du bien-être, par ceux qui en ont l’espace et les moyens financiers. Avec de beaux produits, qui apportent une plus-value esthétique grâce à leurs formes, leurs matériaux et leurs coloris », considère Valérie Weiss, country manager France de la division Salle de bains et Wellness de Villeroy & Boch. Non, si le marché de la Baignoire veut véritablement renouer avec la croissance, il faut que « les industriels s’adaptent aux environnements et aux réalités, et proposent des solutions cohérentes », soutient Virginie Juniot. Dans le format, l’allure, l’usage et la capacité d’eau.
Formats atypiques et accessoirisation
À défaut de pouvoir déplacer les murs pour agrandir la salle de bains, ou de voir le prix du mètre carré s’écrouler, le particulier n’a d’autre choix que d’optimiser au mieux son espace. Et afin que celui-ci opte pour l’intégration d’une baignoire, en plus de celle d’une douche ou au détriment de celle-ci, les industriels œuvrent pour proposer des produits plus petits, à l’instar de la baignoire sabot.
Plus courte et plus haute qu’une baignoire traditionnelle, et dont la version en angle facilite son installation dans les coins les plus exigus, celle-ci permet de prendre un bain en position assise. Néanmoins, cette solution n’offre que peu de confort à un adulte et, « à moins que la baignoire soit très profonde, elle convient plutôt aux enfants avec sa longueur d’environ un mètre, ou pour un bain assis », note Virginie Juniot. Le développement technologique permet à certains fabricants de proposer tout de même des formats un peu plus importants pour les petits espaces, à l’image de Victoria + Albert, dont la résistance de son QuarrycastTM (un matériau constitué d’un mélange de Volcanic LimestoneTM et de résines) « limite l’épaisseur de la paroi de la baignoire et élimine le besoin de double coque. L’espace occupé par l'utilisateur dans la baignoire est ainsi quasiment le même que celui pris par la baignoire dans la salle de bains, ce qui nous permet de mettre à disposition des modèles de 150 cm de longueur », avance Vincent Gonnord, directeur commercial France de la marque.
Au-delà de 160 cm donc, les baignoires sont aujourd’hui trop spacieuses pour nos salles de bains, dont 60 % font entre 5 et 10 m2, et 45 % entre 5 et 8 m2 (IPEA, 2010). Afin de « diminuer la taille du produit, et donc son encombrement, il est plus judicieux de se concentrer sur des formats rectangulaires ou asymétriques. Cette dernière version, qui présente un sens de pose avec une longueur plus importante le long du mur, peut notamment être logée dans un angle », selon Pierre Rouy, coordinateur produits d’Allibert Bath & Design.
Ce travail de l’asymétrie a notamment donné naissance aux baignoires bain-douche qui, « pensées dans un premier temps pour la prise d’une douche, puis du bain, conjuguent une zone de douche élargie pour tourner sur soi- même et se laver debout, et une zone de bain relativement confortable », abonde-t-il ; le tout en gardant une taille de baignoire standard, entre 150 et 180 cm, de façon donc à pouvoir se loger facilement dans un coin de la salle de bains.
La dualité d’usage de ces solutions répond, d’une part, à l’évolution des pratiques, avec un particulier « qui passe moins de temps dans sa salle de bains car plus pressé par le temps, qui a besoin de plus de praticité, et qui privilégie plutôt l’acte de se doucher », rappelle Valérie Weiss ; et d’autre part aux impératifs d’une population vieillissante qui souhaite rester vivre chez elle le plus longtemps possible, grâce à des baignoires faciles à enjamber et accessoirisées de marchepieds, poignées et autres équipements nécessaires pour en simplifier et sécuriser l’utilisation.
Car l’innovation réside aussi dans l’accessoirisation de la baignoire. Qu’il s’agisse de ses éléments constitutifs ou de la baignoire elle-même, les fabricants appliquent désormais les tendances en matière de couleurs. En effet, l’intérieur des cuves se pare des mêmes couleurs que la paroi extérieure, et les « modèles à encastrer reprennent les codes de la baignoire îlot, et arborent couleurs et/ou finitions », observe Pierre Rouy. Même les éléments constitutifs de cette famille de produits se colorent, à l’image « de notre système de vidage PushControl, que nous avons revu il y a un ou deux ans avec notamment la déclinaison noire de notre bonde, afin de répondre à la tendance du noir mat et à la volonté de coordination des coloris dans la salle de bains », évoque Guillaume Leurent. Pour sa part, Jacob Delafon a travaillé sur un système de « vidage double-position au niveau du trop-plein de la baignoire, révèle Virginie Juniot. Il permet d’alterner entre une petite capacité d’eau, pour un bain correspondant à un lavage corporel, et une plus grande capacité d’eau, dans le cadre d’un bain de bien-être et de relaxation. Il suffit de le déclipser et de le tourner à 180° pour gagner 5 cm de hauteur d’eau », de manière à pouvoir profiter d’un bon bain, sans culpabiliser au sujet de sa consommation d’eau.
Réhabiliter la baignoire
À ce jour, la baignoire souffre encore de certaines idées préconçues, et principalement de celle relative à sa consommation d'eau, considérée comme gargantuesque par rapport à celle d’une douche. Cette situation est d’ailleurs renforcée par un discours lié à l’urgence climatique et à la raréfaction de l’eau potable, qui font de la douche la solution idéale à tous nos maux. Seulement, il est aujourd’hui possible de s’octroyer un moment de relaxation dans une baignoire, tout en contrôlant sa consommation d’eau et d’énergie. Le travail de la forme et la réduction du format de la baignoire, évoqués précédemment, induisent certes une consommation d’eau moindre lors d’un remplissage ; cependant, le développement de solutions à plus petites capacités d’eau mais aux dimensions plus classiques (au-delà de 170 cm) est tout à fait possible.
Si l’option la plus simple consiste à fabriquer « des baignoires moins profondes pour réduire la hauteur d’eau », concède Valérie Weiss, il est également question d’arrondir les angles « pour en réduire la capacité d’eau, évoque Virginie Juniot. Notre gamme Bastille par exemple, à laquelle nous avons appliqué ce procédé, permet de prendre un bain dans un volume d’eau équivalent à celui d’une douche de 10 minutes, et ce si elle est remplie jusqu’au trop-plein. »
Des baignoires moins consommatrices donc, mais dont le confort n’en est pas pour autant sacrifié, comme en témoigne le travail ergonomique effectué par le groupe Allibert : « Nous travaillons sur des baignoires aux formes assez cintrées, en nous inspirant des industries performantes dans l’apport de confort, comme celle de l’automobile. Notre collaboration avec une agence française de design industriel, qui a entre autres travaillé sur les sièges de voiture, a abouti à la conception du modèle Vento Confort : une baignoire dont la cuve resserrée lui confère une sensation de cocon et dont la cassure dans le dossier assure un soutien lombaire. Incidemment, le litrage en est réduit comparativement à une baignoire classique », explique Pierre Rouy. Chez Victoria + Albert, la forme de la récente baignoire Ledro est « pensée pour être confortable au niveau du dos et des épaules puis cintrée à partir du dessous du genou », décrit Vincent Gonnord, et ainsi contenir jusqu’à 180 litres d’eau. Soit un volume équivalent à une douche d’une dizaine de minutes en France.
Non seulement l’innovation apporte une réponse concrète aux problématiques du particulier, mais elle permet également au fabricant de « se différencier dans un marché où le nombre de marque est en forte expansion », affirme Éline Laporte.
En effet, les dimensions imposantes de la baignoire « affaiblissent la rentabilité d’exposition de ces produits, ajoute Valérie Weiss. C’est pourquoi le circuit professionnel, et la GSB d'ailleurs, lui préfèrent la présentation de receveurs de douche », ou bien l’exposition de leurs modèles de baignoires de MDD.
Le déploiement de ces solutions accompagne et s’accompagne d’un discours à la fois explicatif, car « une baignoire reste un produit relativement simple, et chaque innovation nécessite une explication pour que le distributeur perçoive un intérêt et puisse le relayer au client final », souligne Pierre Rouy. Mais le discours se doit aussi d’être pédagogue, afin de dédiaboliser ce produit. Surtout dans un contexte de comparaison constante avec les consommations d’eau et d’énergie de la douche : la baignoire pâtit en effet de la mise en lumière des vertues durables de la douche, qui ne consomme que 35 à 60 litres d’eau par utilisation... enfin, pour une douche rapide de une à trois minutes selon l’Ademe, l’agence publique qui accompagne les acteurs de la société dans la lutte contre le réchauffement climatique et la dégradation des ressources.
Or les Français auraient plutôt l’habitude de rester entre cinq et dix minutes sous la douche ! De plus, il est important de noter que l’énergie utilisée pour chauffer l’eau, à litrage équivalent, n’est pas appréciée de la même manière lors de la douche ou du bain : « Lors d’une douche, l’eau est chauffée tout au long de son utilisation, ce qui demande de l’énergie tout au long de son écoulement. Et l’eau chaude ne sera appréciée que le temps de la douche. Or, lors d’un bain, l'énergie utilisée pour chauffer l’eau ne l’est que le temps du remplissage de la cuve, et l'utilisateur profite de l’eau chaude longtemps après avoir fermé le robinet. Ainsi, une douche chaude de 100 litres ne pourra être appréciée que pendant 10 minutes, tandis qu’un bain devrait pouvoir l’être pendant une trentaine de minutes », pèse Virginie Juniot. Reste à savoir si cela suffira à redonner à la baignoire son lustre d’antan.