Cyrille Malfilatre (Cedeo) : “Nous changeons notre outil de conception 3D avec l’ambition d’offrir la possibilité au particulier de créer son projet où il veut, quand il veut et sur n’importe quel support”
Alors que Cedeo ouvrait récemment son 187e showroom Envie de salle de bain, étoffant un peu plus son maillage territorial, l’enseigne de DSC (Saint-Gobain) n’en néglige pas pour autant le volet numérique. Pour Concept Bain, Cyrille Malfilatre, directeur de la filière « Envie de salle de bain », détaille la stratégie numérique de la filière pour les deux prochaines années.
Propos recueillis par Rémi de Marassé
Concept Bain : Quand avez-vous entamé votre transition numérique chez Envie de salle de bain ?
Cyrille Malfilatre : Nous avons entamé notre transition numérique il y a plusieurs années déjà, avant même que le Covid-19 et la crise sanitaire qui en a résulté accélèrent cette évolution. Preuve en est, les trois dernières années ont même été consacrées au développement et à l’uniformisation de notre réseau physique, qui était jusqu’alors composé de trois marques : Cedeo la salle de bain, Brossette la salle de bains et Envie de salle de bain. À raison d’un basculement de 15 à 20 magasins par an (pour un total de 193 sur le territoire national), nous regroupons l’ensemble de nos enseignes sous la marque Envie de salle de bain. Ce projet d’uniformisation étant en bonne voie, les années 2023 et 2024 seront consacrées au développement digital d’Envie de salle de bain.
CB : Quelle est donc la stratégie numérique d’Envie de salle de bain ?
CM : Les deux années qui viennent seront consacrées au renforcement de nos outils digitaux. En premier lieu, il s’agit d’améliorer le site internet Envie de salle de bain, hébergé sur le site cedeo.fr, pour en faire un véritable outil de captation de projets plutôt qu’un site marchand. Alors que des pure players tels que ManoMano, Amazon ou Reuter, se spécialisent dans la vente de produits, nous nous orientons plutôt dans la vente de solutions afin d’accompagner les particuliers dans la création et la construction de leur salle de bains. Bien sûr nous faisons de la vente mono produit, mais nous bloquons cette option dès lors que le particulier bascule dans la création d’un projet : nous l’invitons à se rendre en showroom afin d’en discuter avec des professionnels, car la salle de bains est une pièce très technique qui appelle une réelle expertise. Bloquer l’achat rapide nous permet ainsi de nous assurer de la compatibilité technique et inspirationnelle du projet, ainsi que d’échanger sur ses dimensions environnementales (RSE et économies d’énergie).
Nous changeons, cette année également, notre outil de conception 3D avec l’ambition d’offrir la possibilité au particulier de créer son projet où il veut, quand il veut et sur n’importe quel support, tout en permettant à notre personnel de showroom de le suivre à distance.
CB : Comment les industriels vous accompagnent-ils dans votre démarche ?
CM : Les industriels qui adhèrent à cette démarche nous font parvenir les données numériques de leurs produits, afin que nous les ajoutions à notre bibliothèque de modélisation des données du bâtiment (BIM). Ces datas informatiques nous permettent de modéliser les produits, de les ajouter à notre catalogue (la modélisation de l’ensemble du catalogue Envie de salle de bain a demandé 8 000 heures de travail, NDLR), et de les utiliser ensuite dans la conception 3D des projets. Il est d’ailleurs très important que les données soient le plus précises possible, de façon à guider au mieux le particulier dans la conception de son projet, de s’assurer que toutes les composantes sont compatibles, et de ne pas vendre un projet techniquement irréalisable.
CB : Quelle est la place de l’installateur dans votre stratégie numérique ?
CM : L’accompagnement digital du professionnel se fait de deux manières. La première consiste en la mise en place d’un schéma logistique performant à travers le site cedeo.fr : nous mettons à sa disposition quelques 30 000 références qu’il peut commander jusqu’à 17h pour être livré chez lui ou sur son chantier le lendemain, ou jusqu’à 19h s’il fait du Click&Collect en showroom.
La seconde, se matérialise via l’offre Cedeo Boost et plus précisément son programme Mon Showroom qui met à disposition du professionnel un interlocuteur dédié en showroom. Le rôle très administratif de ce dernier sera de traiter les devis en 24h, de relancer les clients particuliers pour accélérer la concrétisation de leurs dossiers, de les mettre en relation avec des clients particuliers qui cherchent un artisan pour leur projet. L’adhésion à ce programme permet également à l’installateur de suivre des formations afin d’être au fait des dernières technologies et de monter en compétences.
CB : Quelle sera la place du e-commerce à moyen et long terme sur le marché français du sanitaire ?
CM : Si nous observons le marché de la cuisine équipée, le marché du sanitaire s’en inspire très certainement dans les usages du particulier. Le e-commerce pur convient à des achats simples, pour des projets peu complexes en termes d’installation, de conception et d’inspiration. Dans le cadre de projets plus engageants, l’accompagnement, l’expertise, la solution complète devront être développés par les conseillers. Aussi le digital aide à construire et penser son projet, avec des configurations les plus précises possibles, mais certaines approches comme la touche finale d’inspiration, de validation, d’étude du besoin client, d’échange autour du projet, du toucher des matériaux, resteront très certainement humaines. Notre enjeu est bel et bien de réussir cette synergie.
CB : Quel est l’impact du contexte inflationniste actuel sur l’activité e-commerce ?
CM : L’inflation, très forte sur certains produits comme les céramiques qui demandent de la terre et du gaz, peut amener le client à descendre en gamme dans le choix de ses produits. Pour pallier ce phénomène, conserver notre clientèle et maintenir nos prises de commandes, nous devons rester très professionnels et assurer une qualité de service irréprochable.