Nicolas Perez, directeur national des ventes d’Inda
Nicolas Perez (Inda) : “Les industriels ont pris la mesure de la distribution e-commerce”
Directeur national des ventes d’Inda, Nicolas Perez revient sur l’année 2021, si particulière à tant d’égards pour le marché de la salle de bains ; notamment pour le e-commerce, qui a pris une telle ampleur pendant la crise qu’il devient, à en croire M. Perez, incontournable pour nombre de fabricants… À condition, bien sûr, que les équilibres budgétaires soient respectés.
Concept Bain. Que dire de cette année 2021 pour le marché de la salle de bains ?
Nicolas Perez. L’année 2021 a été bonne, en comparaison à une année 2020 complexe du fait des différentes périodes de confinement. Nous égalons presque les résultats de l’année 2019, qui avait été particulièrement satisfaisants grâce, notamment, à notre segment contract.
Certes le rattrapage a été conséquent, mais pas au point de parler d’effet rebond. La crise sanitaire a précipité les dépenses des particuliers, ce qui a gonflé l’activité et donc les chiffres d’affaires.
Concept Bain. La crise sanitaire a-t-elle fait prendre conscience aux particuliers que la maison est désormais plus qu’un espace de passage ?
Nicolas Perez. Je ne pense pas que ce soit la crise sanitaire qui nous ait fait prendre conscience de cela. Aujourd’hui, les gens aiment véhiculer une image de belles choses, et l’habitat est le lieu idéal pour cela.
Concept Bain. Le-commerce, dont beaucoup disent qu’il est l’un des grands gagnants de la crise sanitaire, et-il amené à jouer un rôle de plus en plus prépondérant sur le marché de la salle de bains ?
Nicolas Perez. Forcément, car il y a une évolution brutale des mentalités. La crise sanitaire a exacerbé et accéléré cette activité jusque-là balbutiante, puisqu’elle était l’une des seules qui pouvait continuer pendant que la population était confinée. Les industriels ont également pris la mesure de cette tranche de la distribution : j’en veux pour preuve la création et le développement d’un site de e-commerce allemand sur la France, site très réputé outre Rhin.
Afin que cette activité perdure, il faut que les équilibres budgétaires et économiques soient respectés, car les coûts ne sont pas les mêmes pour tous : l’imposition, la taxation et le prix de la main d’œuvre ne sont pas les mêmes pour les industriels, qui produisent en Europe, et les autres qui produisent ailleurs, notamment en Asie.
Concept Bain. Les marque doivent-elles donc développer leurs marketplaces ou leur propre canal de distribution e-commerce ?
Nicolas Perez. Pour un industriel, développer son propre canal de distribution est compliqué, notamment d’un point de vue logistique. Ce que sait faire un industriel, c’est fabriquer des produits. Pour la distribution, il faut continuer de travailler avec des spécialistes. À nous de leur fournir en amont les bons éléments pour qu’ils puissent placer nos produits sur leur site de vente en ligne.
Le plus dur sera sans doute la maîtrise du prix. Aujourd’hui, le distributeur travaille avec les prix publics des industriels ; ce qui n’est pas forcément le cas d’un site de e-commerce.
Concept Bain. Les fabricants évoquent depuis plusieurs années la présence accrue des marques de distributeurs (MDD) dans le paysage de la distribution. Cette dynamique fragilise-t-elle la rentabilité des industriels, et leur capacité d’investissement ?
Nicolas Perez. La MDD est destructrice de marge pour un industriel, et cette baisse doit être compensée par le volume. Elle permet au distributeur d’avoir un produit qui lui est propre, sur lequel il a une totale maîtrise de son prix de vente, et donc de sa marge arrière. Le fabricant répond seulement à un cahier des charges esthétique, technique, etc.
Concept Bain. Êtes-vous d’ores et déjà en mesure d’anticiper une bonne année 2022, pour le marché de la salle de bains ?
Nicolas Perez. Personne ne sait ce qui va véritablement se passer dans les prochains mois, car nous venons de vivre un épisode inattendu. Nous pouvons seulement émettre des hypothèses basées sur le passé, où l’on a constaté – ou non – une reprise.
Le premier semestre 2022 devrait suivre la même dynamique que la fin d’année précédente, puis celle-ci risque de s’essoufler petit à petit. Le second semestre sera quant à lui plus complexe. D’abord, par un ralentissement de la consommation puis, nous devrions continuer de devoir faire face à de nombreux problèmes d’approvisionnement en matières premières telles que le bois ou les métaux nobles comme le laiton ou le cuivre. À charge pour nous d’en minimiser l’impact.