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Julie Gauthron, agence de design global Exquise-Esquisse

22.12.2020

Julie Gauthron : « La salle de bains, cet espace où l’on prend soin de soi »

À la tête de l’agence de design global Exquise-Esquisse, Julie Gauthron façonne l’identité de marque de boutiques-hôtels (essentiellement à Paris) avec, depuis ses débuts il y a dix ans, une quinzaine de projets à la clé. Un travail qui concerne bien sûr l’aménagement des espaces… dont la chambre et la salle de bains, qu’elle envisage comme un lieu unique, à la fois ouvert et intime. Interview.

Propos recueillis par Christian Capitaine

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Concept Bain : Pouvez-vous nous rappeler la nature de votre activité ?

Julie Gauthron : Nous sommes une agence de design global, dite aussi « à 360° », dont les travaux portent essentiellement sur le secteur de l’hôtellerie. Notre travail consiste à définir et à construire pour ces établissements un univers de marque qui lui est propre. Cela concerne tout ce qui appartient au domaine du visible : la circulation de l’espace, sa configuration et son aménagement, le dessin du mobilier, le nom de l’hôtel et le graphisme afférent, sa communication, y compris sur le web… Bref, tous ces éléments qui, dans le cadre d’une maîtrise entière du projet, permettent de lui construire une identité propre et singulière.

Hôtel Idol, Paris VIII, réalisation Julie Gauthron, photo Laurent Bardet

CB : Pour quels types d’établissements travaillez-vous ?

JG : Depuis maintenant dix ans que nous avons ouvert l’agence, nous ne travaillons que pour des boutiques-hôtels, c’est-à-dire des établissements qui, à la différence de ceux des grands groupes et grandes chaînes, se distinguent par leur concept et leur style unique. Nous écrivons à l’intention de ces hôtels, que l’on retrouve dans toutes les plus grandes villes du monde, une histoire sur mesure, destinée à leur clientèle. Nous leur offrons, de la sorte, une expérience nouvelle ; le but, en y entrant, étant qu’ils éprouvent une vraie surprise !

Hôtel Idol, Paris VIII, photo Laurent Bardet

CB : Comment travaillez-vous avec l’ensemble des protagonistes d’un projet ?

JG : Nous sommes d’abord choisis par le client, c’est-à-dire l’hôtel. Puis nous travaillons en étroite collaboration avec les équipes d’architectes qui gèrent la partie technique des projets. Concernant le choix des produits et des équipements, y compris ceux de la salle de bains, c’est notre agence qui est prescriptrice ; nous choisissons tout : la baignoire, la robinetterie, les éléments de la douche… que nous achetons dans le commerce. En revanche, nous faisons fabriquer le mobilier de salle de bains.

À titre d’anecdote, et pour illustrer notre dimension prescriptrice, j’aime à rappeler que l’un de nos premiers clients souhaitait que nous partions sur un projet au design soft et épuré, construit autour du bois et des coloris gris ; en contre-pied, et parce qu’il était amateur de Soul music, nous lui avons proposé un concept plus osé, dont les chambres étaient construites autour de la thématique des vinyles de la Soul music, très « pop ». Et il a adhéré !

Hôtel Idol, Paris VIII, photo Laurent Bardet

CB : Comment travaillez-vous plus spécifiquement les espaces bains dans les chambres d’hôtel ?

JG : Dès le début, j’ai pris le parti de construire des salles de bains ouvertes sur la chambre. Cette conception d’un espace largement ouvert, ce jeu des transparences – qui ne m’ont jamais quittée –, où toutes les personnes peuvent se voir quelle que soit leur position dans l’espace, sont rendus possible, dans la salle de bains, grâce à l’utilisation du verre. Et notamment dans la douche, dont la paroi devient l’élément de séparation entre la chambre et la salle de bains.

J’aime aussi travailler les parois avec des éléments de sérigraphie, dans le style moucharabieh. Cette quête d’ouverture a une vocation : offrir à la chambre et à la salle de bains une impression d’espace plus grand. Ce qui convient très bien aux configurations des chambres des hôtels parisiens, où l’espace est plus réduit.

CB : Quelle place accordez-vous à la salle de bains dans la chambre d’un hôtel ?

JG : Elle est, bien sûr, essentielle. Ce qu’il convient, c’est lui ôter ce côté « hygiéniste » qui lui colle à la peau. La salle de bains doit être cet espace où l’on prend soin de soi. Ce doit être aussi un lieu de convivialité entre les personnes. L’intimité ne doit plus se circonscrire à la seule salle de bains. Elle doit désormais concerner l’ensemble que constitue la chambre et la salle de bains.

Côté couleurs, le « tout-blanc » (comme d’ailleurs le « tout-fermé ») ne surprend plus personne. L’expérience que l’on vit à l’hôtel doit être différente de celle que l’on vit à la maison. Plus précisément, les couleurs, pour la robinetterie et la douche par exemple, nous aident à construire des projets différents de ceux qui relèvent du domaine du domestique.

CB : La crise que traverse le secteur de l’hôtellerie vous affecte-t-elle ?

JG :Des projets ont pris du retard, alors que d’autres, qui ont été bouclés ces derniers mois, ne seront pas inaugurés tout de suite dans ce contexte de pandémie. Oui, certains de nos clients souffrent. Les conséquences de la crise sanitaire sur notre activité ne sont donc pas négligeables. Et nul doute que cette période difficile devrait durer jusqu’en 2022.

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