Yves Danielou, président de l’Afisb
Yves Danielou : “Il s’agit de fédérer l’ensemble de la profession du secteur de la salle de bains autour de la question de la formation et de la montée en compétences”
Le salon Idéobain, qui retrouve le Parc des Expositions de la Porte des Versailles du 3 au 6 octobre 2022, sera l’occasion pour les professionnels de la filière bain de renouer le contact après trois années compliquées. Pour l’Afisb, il s’agit d’articuler l’épineuse question de la formation et de la montée en compétences des professionnels. Décryptage avec Yves Danielou, président de l’association.
Propos recueillis par Rémi de Marassé
Concept Bain : Pourquoi la tenue du salon Idéobain à Paris Porte de Versailles ?
Yves Danielou : Après de nombreuses années à Villepinte, le salon Idéobain retrouve le Parc des Expositions de la Porte de Versailles pour notre plus grand bonheur. Sa localisation géographique offre une attractivité supplémentaire au salon puisqu’il nous permet d’accueillir nos visiteurs, en provenance de la France entière et parfois même de l’étranger, dans Paris intra-muros. La facilité d’accès par les transports assurera une certaine émulation autour de l’évènement, avec un trafic plus important et un visitorat plus conséquent de jour, tout en offrant la possibilité à nos visiteurs de profiter de Paris en soirée. Il ne faut pas oublier que le Mondial du Bâtiment (composé des salons Batimat, Idéobain et Interclima, NDLR) est le plus grand salon généraliste du bâtiment au monde.
C B : Que peut-on attendre de cette édition 2022 du salon Idéobain ?
Y D : Le salon Idéobain est l’opportunité de réunir l’ensemble de la profession du secteur de la salle de bains : industriels, distributeurs, installateurs, architectes, bureaux d’études et prescripteurs confondus. Pour cette édition, il s’agit surtout de leur proposer un moment convivial, après trois années compliquées. Une ambition d’autant plus facilitée par la disposition du Parc des Expositions de la Porte de Versailles, dont les pavillons sont bien moins vastes que son pendant de Villepinte. De fait, les stands des exposants seront limités à 99 m2 maximum (quatre autres modules d’exposition seront proposés : 9 m2, 18 m2, 36 m2 et 54 m2, NDLR).
CB : Cette édition 2022 du salon Idéobain sera également l’occasion de d.couvrir l’Académie de la salle de bains, portée par l’Afisb…
YD : En effet ! Après trois ans de travail, nous lancerons officiellement l’Académie de la salle de bains lors du salon. Il s’agit ici de fédérer l’ensemble de la profession du secteur de la salle de bains autour de la question de la formation et de la montée en compétences. Aujourd’hui, la filière est composée d’innombrables micro-entreprises, qu’il est compliqué de fédérer sur ces questions. Il y a énormément d’initiatives individuelles autour des quatre blocs de compétences majeurs des métiers de la salle de bains, que sont la plomberie, le carrelage ou équivalent, la petite maçonnerie et une habilitation électrique.
Pour ce qui est des formations, il ne s’agit donc pas d’en créer, mais plutôt de faire connaître celles qui existent déjà : formations initiales ou continues, courtes ou longues, il faut donner à voir toutes les possibilités sur le territoire national à tous les acteurs.
Appuyer la montée en compétences des professionnels de la salle de bains est d’autant plus important que les produits fabriqués et vendus aujourd’hui sont de plus en plus sophistiqués, soit parce qu’ils comportent des services électroniques ou des connexions, soit parce qu’ils atteignent des dimensions qui rendent leur mise en oeuvre plus complexe. Prenez les receveurs de douche jusqu’à 180 cm : ils sont mis en oeuvre plus fréquemment, ce qui constitue un défi pour leur installation dans le neuf comme en rénovation. Il y a aussi de nouvelles exigences en matière d’étanchéité et d’acoustique, notamment avec l’arrivée des espaces douche à “zéro ressaut”.
CB : Comment se matérialisera cette initiative sur le salon Idéobain ?
YD : Le stand de l’Afisb s’appellera la “Salle de bains−Académie”, et donnera la possibilité aux visiteurs intéressés de rencontrer les acteurs de la formation. Le stand sera situé à côté de l’Espace Forum, sur lequel nous animerons tables rondes et conférences. À terme, le site internet de l’Afisb sera transformé afin de faire apparaître de façon visible la “Salle de bains–Académie”. Ensuite, nous ne nous interdisons rien quant à la création d’un outil digital facile d’accès depuis un téléphone ou sur un chantier.
CB : Les États Généraux de la salle de bains, qui se sont tenus le lundi 9 mai 2022, ont donné l’occasion à l’Afisb de dévoiler le bilan officiel de la filière pour 2021 : une hausse historique de 15 % en valeur, et de 17 % en volume l’an pass.. Qu’est-ce que cela signifie pour la filière salle de bains ?
YD : Cette hausse du marché de 15 % en valeur intervient après une baisse induite par le Covid-19 en 2020, qui a affecté tous les professionnels de la salle de bains. La bonne nouvelle intervient si nous comparons l’année 2021 à l’année 2019 : nous obtenons tout de m.me une hausse de 8 %, ce qui signifie que la baisse connue en 2020 a été balayée par le dynamisme du marché. Celui-ci reste dynamique car les préoccupations des Français concernant l’aménagement de leur habitat sont plus fortes que jamais ; en témoigne le classement que nous avons dévoilé aux États généraux, selon lequel la salle de bains est la troisième pièce la plus rénovée après la chambre et la cuisine. Le regard des Français sur leur logement est en pleine évolution, poussé par la crise sanitaire et le télétravail qui les incitent à sortir des hypercentres pour aller vers les agglomérations, et à rénover.
CB : Quels sont les enjeux qui se posent à la filière salle de bains dans les années à venir ?
YD : Le premier enjeu touche à la formation dans les points de vente. Si nous souhaitons séduire un grand nombre de consommateurs, il faut absolument simplifier la démarche salle de bains, c’est-à-dire être capable de prendre en charge la totalité d’un projet salle de bains dans nos points de vente. À ce jour, le particulier est obligé de passer par un maître d’oeuvre pour coordonner les travaux, afin de faire venir les artisans les uns après les autres, ce qui complique les choses. Ainsi, un particulier qui n’a pas le budget pour embaucher un architecte d’intérieur, ou prendre un maître d’oeuvre peut être dissuadé d’entreprendre des travaux.
Le second enjeu touche à la montée en compétences de l’ensemble de la filière. Les industriels doivent continuer de développer des produits innovants tout en apprenant. transmettre ces nouveaux savoir-faire à la distribution et aux installateurs.